TAIJI QAN, STYLE CHEN : QUELQUES PRECISIONS
Suite de l'article paru dans le n° H.S. de Génération Tao, écrit par Maître SUN Fa
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En tout premier lieu, il me semble important de
repréciser les notions de "grande forme" et de "petite forme".
En Chine, la version officielle attribue l'origine du Taï Chi Quan
à Chen Wang Ting, créateur du style Chen. Celui-ci a
conçu 7 tao lu, dont 2 sont encore pratiqués actuellement
: le 1er Tao de 83 mouvements appelé "TI I Lu" et le 2ème
Tao appelé "Pao Zhui". Les 5 autres ont disparu pendant la
dynastie Qin. |
Lors
de la 4ème descendance, de style Chen, 2 grands maîtres
ont initié 2 branches distinctes:
- Maître Chen Chang Xing qui poursuivit cette pratique des 2 Taos
que l'on nomme "Da Jia" : la Grande Forme, ou encore "Lao Jia, Da Jia"
: l'Ancienne et Grande forme.
- Maître Chen You Ben qui en atténua les
difficultés, en privilégiant des mouvements qui restent
amples, mais plus sobres. Cette nouvelle orientation de la pratique est
considérée comme le début de la "Petite Forme" ou
"Xin Jia". Son élève, Maître Cheng Qing Ping
poursuivit cette modification de la forme en la concentrant et en
accentuant la spirale des mouvements : on la nomme "Xin Jia, Xiao Jia"
: Nouvelle et Petite Forme. Issue d'un village situé à 10
km de Chen Jiao Gou, elle prit également le nom de ce lieu :
Zhao Pao Jia. La Chine parle ici, de manière officielle, de
"nouvelle forme", car les mouvements ont été clairement
modifiés.
La
pratique de la Petite Forme est surtout développée dans
sa région d'origine, et donc moins répandue que la Grande
Forme ; mais elle est néanmoins un maillon très important
du style Chen, car elle a donné naissance ensuite à deux
autres styles : Wu et Sun. Quant à la Grande Forme, elle a
initié le style Yang, puis l'autre style Wu. Cette
évolution du Taï Ji Quan au cours de l'histoire est due
à l'apport personnel de grands maîtres, reconnus par leurs
pairs et dont la descendance est établie officiellement. Par
leur technique, soutenue par une approche théorique et
philosophique, ils ont influencé leur pratique pour les
générations futures.
D'autres
confusions, concernant le Tai Ji Quan style Chen, naissent
également à propos de "Nouvelle Forme" et "Ancienne
Forme" - ou "Forme Traditionnelle". C'est le sujet de l'article du hors
série n°1. Cette méprise s'applique uniquement sur la
"Grande Forme" ou "Da Jia".
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En
effet, cette forme s'est transmise de Chen Chang Xing jusqu'à
Chen Fa Ke. Celui-ci quitta Chen Jia Gou pour Pékin, ce qui fit
connaître le style Chen dans la société de
l'époque. Son fils Chen Zhao Kui pratiqua avec son père
qui lui transmit directement son enseignement, comme cela se faisait
alors entre un maître et son disciple. Celui-ci participa
à l'écriture collective d'un livre officiel publié
en 1963, avec Tang Hao, Shen Jia Zheng et Gu Liu Xin sur la pratique du
Taï Chi Quan, style Chen. Cet ouvrage permit de diffuser dans
toute la Chine, la connaissance du 1er tao en 83 mouvements, qui est le
plus pratiqué actuellement.
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Mais en 1985, parait un deuxième
ouvrage sur le sujet écrit par le petit neveu de Chen Fa Ke :
Chen Xiao Wang. Celui-ci est demeuré, comme son oncle Chen Zhao
Pi, à Chen Jia Gou. Il présente un tao en 75 mouvements,
qu'il qualifie comme seul originel. Or ces deux formes : 83 et 75, sont
toutes deux issues de Chen Fa Ke, de la lignée Da Jia, Lao Jia.
On ne peut dire qu'il existe une forme initiale, mais on
reconnaît celle en 83 mouvements comme plus précise, plus
sophistiquée, plus difficile et celle en 75 mouvements comme
plus sobre. Les principes qui les sous-tendent toutes les deux sont
identiques et on ne peut dire que l'une soit plus ancienne que l'autre.
D'où est donc née cette confusion ? |
Il
apparaît que seul un parti-pris politique a créé
cette distinction erronée entre forme ancienne et nouvelle, le
but étant pour Chen Jia Gou de faire reconnaître son
enseignement comme seul valable et détenteur des principes du
style Chen. Cette confusion est apparue ensuite en France
(confère l'article).
Dans toute pratique martiale, l'art originel
doit s'adapter à la morphologie de celui qui le pratique. Chaque
maître, tout en reprenant les règles traditionnelles,
développe des spécificités qui donnent à sa
pratique une saveur particulière. Tout maître de haut
niveau sait respecter la loi, tout en la développant de
manière naturelle et singulière afin de se
détacher d'une copie sans âme. Haut de Page
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